La Provence, dimanche 20 octobre 2019. Page Idées
Par Jean-Claude Escaffit, journaliste, Dialogue-RCF, la radio chrétienne d’Aix-Marseille.
Exit le père blanc qui allait évangéliser les peuples du Sud ? Autrefois flanqué d’une soutane aussi blanche que sa barbe, le missionnaire d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec cette image d’Epinal. Ni même son territoire de mission. Ce sont d’ailleurs les prêtres d’Afrique qui en retour arpentent nos paroisses européennes, en jachère de vocations.
En faisant d’octobre 2019, « le mois missionnaire extraordinaire », l’Eglise catholique entend activer l’ardeur évangélisatrice des fidèles dans leurs lieux de vie. Ne soyez pas étonnés si l’on vient frapper à votre porte pour vous annoncer une « Bonne Nouvelle ». Ce ne sont plus forcément des Témoins de Jéhovah ou Mormons, mais de jeunes charismatiques notamment qui entendent répondre à l’appel du pape François à être « disciples-missionnaires ». Non à la manière d’antan, aux accents d’endoctrinement. Mais telle que l’a définie François, dans « La Joie de l’Evangile » : par la proximité amicale, dans la liberté de chacun. Et le pape d’inviter également les catholiques à « sortir de (leur) confort, pour rejoindre les périphéries et particulièrement les plus pauvres. »
En mission chez les Roms et voyageurs
Alors que débutait ce « mois missionnaire extraordinaire », on enterrait le 5 octobre dernier à Aix-en-Provence, dans une cathédrale pleine à craquer, l’un de ces authentiques témoins de l’Evangile : le père Thierry Destremau. Mêlés aux Roms et gens du voyage, paroissiens de Martigues et Marignane, Fuveau et Gardanne, Lançon et Pélissanne… pleuraient d’un seul cœur leur (ancien) pasteur de 55 ans, arraché à la vie brutalement. Comme le soulignait dans son homélie, Mgr Dufour, l’archevêque d’Aix, au milieu d’une soixantaine de prêtres et diacres, « Thierry était un voyageur de Dieu, pour conduire au Christ les pauvres et les humbles de cœur ». Car le P. Destremau était le « rachail » des gens du voyage et des Roms, dont il était devenu, en 2017, l’aumônier national. Il fallait le voir accueilli dans les camps par les cris de joie des enfants. Visage transfiguré et petite croix de bois en bandoulière, il sillonnait son territoire avec un camping-car un brin bohême. « C’est la paix du Christ qu’il apportait sur les terrains qu’il visitait », a souligné Mgr Dufour. C’est aussi l’inlassable combat pour la dignité qu’il partageait avec ces sans-voix. Dans la gratuité et le don de soi.