Tous les articles par Jean-Claude Escaffit

A propos Jean-Claude Escaffit

Journaliste honoraire, chroniqueur dans un quotidien, animateur de débats et d'émissions radio. Auteur de "Histoire de Taizé" (2016) et de "Sur les traces du père-Questions à l'officier tué en Algérie" (2014)

Pourquoi le pape à Ajaccio plutôt qu’à Paris

Les choix des voyages de François sont révélateurs de son style de gouvernance de l’Eglise .

 Un pape en Corse, c’est inédit dans l’histoire de l’île. Et… inattendu. Surtout une semaine après l’événement planétaire de la cathédrale Notre-Dame renaissant de ses cendres, qu’il a semblé bouder. François clôture ce dimanche à Ajaccio un colloque sur la piété populaire et y célèbrera une messe. La seule en France, après le stade-vélodrome de Marseille, en septembre 2023 : « A jamais les premiers ! ».

Paris ne vaut elle pas une messe ?

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Le pape donnerait donc tort à ce protestant de Navarre, Henri IV, qui a embrassé la cause papiste pour accéder au trône de France. Un camouflet dans le Landerneau catho, ainsi qu’à l’Elysée. Les évêques de France tenteront bien d’expliquer que François ne voulait pas voler la vedette à Notre-Dame. Il n’empêche… Paris ne vaut plus une messe. Sans oublier le souvenir cuisant d’un Pie VII otage, contraint d’y bénir le couronnement d’un Corse, auto-proclamé empereur des Français !

Plus sérieusement, l’évêque de Rome bouderait-il la capitale de la France et cette « fille ainée de l’Eglise », déclassée et ingrate, mais qui l’attend depuis si longtemps ? Car les seules fois où le souverain pontife a mis les pieds sur notre sol (au Parlement européen de Strasbourg en 2014 et à Marseille en 2023), il a averti : « Je ne viens pas en France ». Justification maladroite, mais mal comprise. Car elle signifiait qu’il ne faisait pas de visite d’Etat. Etrangement, le guide spirituel d’un milliard et demi de catholiques est aussi le chef de l’état le plus minuscule du monde. Plus petit qu’un arrondissement marseillais ! C’est donc ce chef d’Etat, ayant droit aux mêmes égards qu’un président des Etats-Unis, qui fuit les honneurs. Comme les comportements de cour qu’il dénonce à Rome ou ailleurs. C’est pour cette raison aussi que François n’a pas fait le cadeau de sa présence à un Macron en quête de reconnaissance. Le président français, avec qui il entretient des relations aussi suspicieuses que chaleureuses, s’est consolé le 7 décembre, avec l’invitation à Paris d’une cinquantaine de chefs d’Etat.
Un choix pas si étonnant...
Pas si étonnant pourtant le choix incompris d’Ajaccio au détriment de Paris. Car les voyages du pape François sont révélateurs de son style de gouvernance de l’Eglise. Plus décentralisée, celle-ci s’est manifestée par un synode à Rome, à l’automne dernier. Des choix qui s’expriment aussi par son souci de rejoindre les personnes et les peuples à la périphérie de notre monde et de notre société. « Je poursuis mes voyages dans des pays où l’Eglise n’est pas très importante ou en difficulté », rappelle-t-il souvent. Pas vraiment la situation corse, qui compte près de 80 % de fidèles ancrés dans des traditions ancestrales. Cette Ile de Méditerranée rejoint cependant la préoccupation papale envers la foi populaire, thème de son encyclique Dilexit nos, d’octobre dernier. Ainsi que sa compassion pour cette « mer-cimetière » de migrants. Les choix du pape dans ses promotions cardinalices ne répondent pas non plus aux critères classiques de l’Eglise. Ainsi, avec la création de 21 cardinaux, le 7 décembre, a-t-il préféré des prélats d’Asie, d’Iran et d’Algérie (Mgr Jean-Paul Vesco), pasteurs de quelques centaines de fidèles, à des archevêques d’Occident chrétien ou à des sièges historiques comme Paris et Lyon, toujours privés d’électeurs pour un prochain conclave. Une question de rééquilibrage vers le Sud et de feeling avec des personnalités qui lui sont proches… Et qu’il aime visiter. Comme le cardinal Aveline à Marseille, promu en 2022 et le jeune évêque d’Ajaccio, François Bustillo, en 2023. Quant à ce nouveau cardinal de 56 ans qui arpente son diocèse insulaire avec sa bure de franciscain et son style non conformiste, il a su être convaincant au Vatican !

Les raisons d’une vague de fond extrémiste

Même si au deuxième tour des législatives de 2024, les Français ont écarté le danger de l’extrême droite (qui reste le premier bloc partisan en nombre de voix : 10 millions contre 8 millions pour le Nouveau front populaire), ce sursaut en forme de sursis ne nous exonère pas de réfléchir aux raisons de cette vague de fond aux portes du pouvoir.
Y aurait-il plus de 12 millions de « fachos » en France, sortis soudainement du bois ? Avec la montée inexorable de l’extrême droite (Rendez-vous dans quelques mois : l’agenda lepeniste étant surtout programmé pour l’élection présidentielle, avec une revanche parlementaire et un contrôle plus large des institutions), on se demande rarement pourquoi près de 40 % d’électeurs ont plébiscité, au premier tour des législatives, le RN et ses alliés. Se contentant de les stigmatiser (ou de courtiser ses dirigeants), la classe politique traditionnelle n’a pas tenu compte des signaux d’alerte qui clignotent dangereusement depuis au moins sept ans : Montée des frustrations, des sentiments d’injustice, d’insécurité et d’abandon, exacerbation de la peur de l’autre et de la xénophobie, multiplication des stéréotypes et propos racistes… Autant de tensions sociales et préjugés qui composent un terreau favorisant l’avènement des régimes autoritaires dans l’Histoire et qui ont été pris comme critères par le collectif interdisciplinaire des chercheurs de la Fondation du Camp des Milles (Aix-en-Provence), pour analyser l’évolution de nos sociétés, au regard de l’Histoire (voir tableau ci-dessous).
Quelles sont au fond les raisons de cette vague populiste, dont la France n’est qu’une expression, certes spectaculaire ? De façon simplifiée, elles sont de deux ordres : structurelles et conjoncturelles.
Les raisons de fond : crises structurelles de société et de nos modèles démocratiques, mutations technologiques profondes et incertitudes sur l’avenir, crise migratoire et replis identitaires qui favorisent la montée de régimes nationalistes (Hongrie, Italie, Pays-Bas, Slovaquie, Autriche…) en Europe, comme dans d’autres sociétés (cf Trump aux USA, Modi en Inde, Poutine en Russie, Erdogan en Turquie…).
C’est plus globalement une remise en question des élites, ainsi que de toute parole institutionnelle, qu’elle soit politique, médiatique, médicale, scientifique…
C’est la radicalisation des expressions et la libération des penchants les plus troubles. Phénomène qui s’est particulièrement accéléré avec l’anonymat relatif des réseaux sociaux, surtout après le Covid.
Raisons conjoncturelles en Europe et au-delà : les tensions internationales, les menaces islamistes, la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, l’instabilité géopolitique…
Et en France.
1- La normalisation progressive du RN, qui surfe sur ces peurs, ces frustrations et s’est acheté une conduite démocratique au parlement et dans le débat public. Et qui toujours en embuscade, reste l’arbitre des pouvoirs, malgré son ostracisation parlementaire.
2- Tandis que dans le même temps, LFI qui avait mis en scène le chaos à l’assemblée nationale et multiplié les provocations dans l’espace public, campe dans une dangereuse intransigeance.
3- C’est certainement l’hyper présidence d’un Macron, droit dans ses bottes, son entêtement à faire passer en force des lois, peut-être nécessaires pour certaines, mais contre l’écrasante majorité des Français. Et aujourd’hui, de rester dans le déni du rejet dont il fait l’objet.
4- C’est la responsabilité de la classe politique tout entière, opportuniste et sectaire, enfermée dans l’obsession de son maintien et le « courtermisme » de promesses électorales qui ne pouvaient être tenues faute de leviers économiques face aux géants de la mondialisation, notamment.
5- C’est le dégagisme habituel des élites politiques avec la prime au nouveau : « On a tt essayé, après tout pourquoi pas aller voir ailleurs ? » Phénomène que l’on a observé ailleurs, y compris ces jours-ci, en Grande-Bretagne avec la chute des conservateurs, au profit des travaillistes privés de pouvoir depuis longtemps.
Un certain danger extrémiste a été provisoirement écarté. Mais alors que nous sommes dans un brouillard parlementaire épais, les vieux reflexes prétentieux et intransigeant de notre classe politique ont réémergé. Alors qu’il y a moins de sept ans, l’indicateur ci dessous des chercheurs du Camp des Milles pointait à la fin de l’étape 1 vers l’installation des régimes autoritaires, nous sommes aujourd’hui au milieu de l’étape 2, au seuil de du basculement de l’état de droit. Avec un président qui ne cesse de jouer avec le feu. Serons nous capables de tenir compte des leçons de l’Histoire, avant qu’il ne soit trop tard ?

Tableau établi avec des dizaines de critères, par un collectif interdisciplinaire de chercheurs sous la direction d’Alain Chouraqui, président de la Fondation du Camp des Milles, à partir de leur rapport annuel sur l’évolution vers un régime autoritaire.

Point final : Le rêve de Pivot…

Encore la disparition, le 6 mai 2024, d’un Grand que j’ai eu la chance de rencontrer pour un long entretien.
Bernard Pivot gardait, avec l’âge, son sens de l’humour et de l’autodérision. Et de me livrer l’un de ses rêves secret : « J’aimerais en vieillissant être encore plus curieux, plus amusé, plus généreux (…) J’aimerais, moi qui ne crois guère en Dieu, être capable de regarder ma propre fin avec lucidité, humour et détachement. » Hommage, à l’humaniste épicurien qui cultivait la joie de vivre.
Texte complet ci-dessous : cliché (cliquer pour agrandir page imprimée ) + texte dessous.

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Je suis courriériste littéraire. Ce terme, qui a disparu de notre vocabulaire, désigne celui qui court pour obtenir des informations, des interviews, des échos… Ce que j‘ai commencé à faire au Figaro.
Sauf que ce sont plutôt les auteurs qui courent aujourd‘hui chez vous…
Qu‘est—ce qui vous passionne surtout dans ce métier ?

Les hommes. C‘est de mieux connaître un auteur, rencontré à travers son livre, de le décrypter à travers ce filtre plus ou moins opaque, et de le faire connaître au public. Mais je ne perds jamais l‘œuvre de vue. Je cherche toujours à vérifier son adéquation avec la vérité de l‘auteur. Au fond, un livre, un roman, c‘est un jeu de piste qu‘il faut suivre sans se laisser égarer.
Vous avez régné sur l‘édition, surtout avec « Apostrophes», au point qu‘il était presque impossible d‘exister sans passer chez Pivot…
N‘exagérons rien. Disons que l‘émission, en conférant un statut social aux invités, a quelque chose de pervers. Un auteur qui n‘est pas passé à Apostrophes ou à Bouillon de culture n‘est pas reconnu par ses voisins comme un authentique écrivain. C‘est idiot, mais c‘est
comme ça…
Qu‘est-ce que ça vous fait d‘avoir un tel pouvoir sur l‘édition ?
Comment pourrais je vous répondre que cela ne me fait pas plaisir ? Le but de mon émission, c‘est d‘envoyer les gens dans les librairies, non ?
Mais n‘avez—vous pas le sentiment d‘être injuste dans vos sélections ?
Totalement subjectif. Mais honnête. Sans parler des ratages… comme avec
Romain Gary, que je n‘ai pas apprécié à sa juste valeur, ou avec ceux qui n‘ont jamais voulu venir, comme René Char…
Quels sont ceux qui vous ont le plus marqué personnellement ?
Nabokov, l‘un des plus grands écrivains du XX° siècle. Il n‘existe pas d‘autre document télévisé sur lui. C‘était un personnage drôle, insolent. Et puis Soljenitsyne, qui a survécu aux trois fléaux de ce siècle : le cancer, la guerre et le goulag. J‘aimais aussi beaucoup le Bourguignon
Henri Vincenot, pour sa connaissance profonde de la terre et sa gourmandise. J‘envie Woody Allen pour son humour triste et mordant… J‘éprouve beaucoup de tendresse pour les artistes exerçant un certain humour sur eux-mêmes.
Parce que vous leur ressemblez ?
Sans doute. Tout en ayant conscience de ne pas avoir leur qualité. J‘ai une grande admiration pour eux, mais en même temps j‘essaie de ne pas être dupe.
J‘éprouve du plaisir à déceler leurs défauts, leurs faiblesses. A saisir leur vérité jusque dans leurs failles. Je suis constamment dans ce double mouvement : distant, irrespectueux, et tout à la fois spontané, porté vers l‘autre, avec une fraîcheur admirative.
Par exemple, si je suis seul chez
moi, il m‘arrive de lire des passages
superbes à mon chat.
Et qu‘est—ce qu‘il en pense ?
Apparemment, rien pour l‘instant. Mais je ne désespère pas, à force de persévérance, d‘éveil1er son esprit à la beauté.
Que vous ont appris sur l‘homme vos lectures et vos rencontres ?
C‘est une question qui n‘a pas de sens pour moi. Qu‘y a-t-il de commun entre Sollers, Rushdie, Régine Deforges, Soljenitsyne, Mitterrand, Woody Allen, Spielberg ou sœur Emmanuelle… Ce sont des personnages, des univers singuliers sans dénominateur commun.
Combien d‘auteurs avez—vous rencontrés et combien de livres avez-vous lus en vingt-cinq ans de télé ?
Je n‘ai jamais fait le calcul. Ça ne m‘intéresse pas.
Dix heures par jour de lecture : n‘est-ce pas parfois l‘overdose ?
Pour les romans, oui parfois. C‘est la raison pour laquelle j‘ai abandonné Apostrophes.
Avant, je lisais quatorze heures tous les jours, samedi,
dimanche compris. Aujourd‘hui, huit à dix, ce qui me laisse le temps d‘aller au cinéma, au
théâtre, à l‘opéra et de voir des matches de football.
En vingt-cinq ans, la télévision a beaucoup plus changé que vous ?
Certainement ! Si vous me lancez sur ce sujet, on en a pour un moment ! Dans
Remontrance à la ménagère de moins de 50 ans, je m‘en prends à l‘Audimat,
qui pervertit tout, y compris le service public. La culture est reléguée à des
plages horaires de plus en plus tardives ou se réfugie sur des chaînes thématiques. Maintenant, j‘observe avec intérêt les projets du gouvernement de réduction de la publicité et des contraintes commerciales. C‘est tout le visage des chaînes publiques qui pourrait changer.
Bouillon de culture commençant à 22 h 15, au lieu de 22h 4 5 ?
Avez-vous un rêve plus ou moins secret, Bernard Pivot ?
J‘aimerais, en vieillissant, être encore
plus curieux, plus amusé, plus généreux
que je ne l‘ai été. Tout en restant
circonspect, évidemment ! J‘aimerais,
moi qui ne crois guère en Dieu — ou
seulement devant les paysages sublimes
—, être capable de regarder ma propre
fin avec lucidité, humour et détache—
ment.

Jean-Claude Escaffit (La Vie, 29 octobre 1998)

Débattre sur la transition écologique.

Table ronde : La transition écologique à l’épreuve des réalités.
On est presque tous d’accord sur le constat alarmant et sur l’urgence d’agir. Seulement voilà, dès qu’il faut passer à l’action, il ne manque pas de raisons de multiplier les exceptions, de sursoir aux décisions. La maison brûle, mais il est urgent d’attendre ! Ce sont les fins de mois des « gilets-jaunes », la nécessité de se chauffer ou de rouler quoi qu’il en coute. C’est la préservation de nos emplois dans l’industrie, ainsi que la survie de nos agriculteurs… L’urgence climatique confrontée, en somme, aux réalités du terrain.
Peut-on alors sortir des blocages et des intérêts souvent antagonistes ? Une écologie populaire est-elle possible ?  La fête de la Nature lance à Fuveau un débat citoyen, respectueux et constructif. Un débat d’exception. Les meilleurs spécialistes et acteurs représentatifs de notre région chercheront concrètement, en dehors des jugements hâtifs et postures dogmatiques, à identifier les nœuds du problème et réfléchir ensemble aux solutions. Avec
– Romain Blanchard, président de la FNSEA 13, et Julie Mizoule agricultrice Bio
– François Fouchier, délégué PACA du Conservatoire du littoral
– Christophe Madrolle : Conseiller régional, président de la commission Biodiversité.
– Gilles Marcel, président PACA de France Nature Environnement,
Animation Jean-Claude Escaffit, journaliste

1e juin 2024 : 4e édition de la fête de la Nature à Fuveau (13)
Tout au long de cette journée familiale, conviviale et festive, de 10h à 18h : conférences, stands de 34 associations, ateliers, animations et jeux pour le jeune public.
https://fetedelanaturefuveau.fr/

Le dernier combat de Badinter

Robert Badinter est mort. L’inlassable avocat des droits humains, que j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs fois chez lui, aura perdu le dernier combat de sa vie.
Voici, en hommage, ci-dessous et photo, un extrait d’une des dernières grandes interview de cet humaniste passionné de justice
:
« Assurément, le combat contre la peine de mort a été le combat de ma vie. J’étais abolitionniste avant l’affaire Bontemps (le dernier exécuté NDLR), mais ce n’était pas la cause qui me mobilisait le plus. Il a fallu que l’on me sollicite pour défendre cet homme qui n’avait d’ailleurs jamais tué, il a fallu qu’il y ait sa condamnation à mort, pour que je devienne un militant abolitionniste passionné. (…)
– Qu’est ce qui fonde selon vous cette défense de la vie ?
– C’est le premier des droits de l’être humain. Aucune société, aucune justice n’a le droit de prendre la vie d’un homme. De toute manière, nous sommes tous condamnés. Il suffit d’attendre. (…)
– Quelle a été votre plus grande fierté dans la vie ?
– Avoir vu triompher la cause de l’abolition en France.
– Votre plus grand regret ?
– Ne pas avoir pu sauver Bontemps. »
(JC Escaffit, La Vie 7. 09. 2000).

(La Vie 7. 09. 2000)

En toute liberté, une radio pour la paix

Dans le cadre des Rencontres cinématographiques des droits humains en Provence
Film En toute Liberté : une radio pour la paix
. Bande annonce
Débat avec Bruno Canivenc d’Amnesty International et
Jean-Claude Escaffit, ancien journaliste et médiateur de presse.
Un film français de Xavier de Lauzanne : Le média qui donne de la voix à ceux qui n’en ont plus, c’est la radio. Au nord de l’Irak, sept jeunes journalistes, musulmans, chrétiens et yézidis, tendent leurs micros à ceux qui veulent la paix. Ils travaillent pour Radio Al-Salam, antenne affranchie d’influences politiques et religieuses. En toute liberté, des voix s’élèvent sur les ondes et font renaître le lien au sein d’une nation. Film soutenu par l’ACAT, proposé par le Secours Catholique – Caritas France et la CIMADE.
Aix en Provence 29 janvier 2024, 20h 30 cinéma Le Mazarin
Les Rencontres Cinématographiques sont produites par un collectif de 6 associations : Amnesty International, ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), CCFD-Terre Solidaire, la CIMADE, la Ligue des Droits de l’Homme et le Secours Catholique-Caritas France, qui en assume l’organisation et le risque financier.
Pour diffuser le message des droits humains dans les Bouches-du-Rhône, ce festival est nomade : Aix, Istres, Marseille, Gardanne, Châteaurenard….
site : https://rcdhprovence.fr



Vœux 2024

Pour l’an neuf qui éclot dans ce froid délétère,
Je vous souhaite un monde où s’estompent les guerres,
Que germent vos beaux projets et secrètes promesses…
Que nos cœurs en hiver s’irriguent de tendresse.

L’eau au défi du changement climatique

Avec G. Olivari, hydrobiologiste, Bruno Depierre, Canal de Provence, Pierre Aplincourt, France nature environnement.

Depuis la sécheresse de l’été 2022 et celle de cet hiver, nous nous sommes réveillés brutalement : l’eau inépuisable et gratuite, c’est sans doute bientôt fini.  » L’eau face au défi du changement climatique : Comment le relever ce défi, et plus précisément dans notre région ?  Sur RCF Commune planète.

Vatican II, révélateur précoce d’une crise sociétale

Le soixantième anniversaire de l’ouverture de Vatican II, le 11 octobre 1962, a donné l’occasion de revenir sur le bilan d’un concile qui s’est achevé en 1965. Et certains ne manquent pas d’attribuer à son application – voire à son existence même – l’hémorragie qui secoue depuis l’Eglise catholique : crise des vocations, effondrement des sacrements. Et surtout décrochement d’une pratique dominicale passée de près de 30 % de la population française, dans les années 1950, à 2-3 % aujourd’hui.
Concordance troublante des calendriers : 1965 a été en fait l’année charnière de toutes les ruptures sociétales et institutionnelles ! Que ce soit avec la révolution contraceptive, le décollage de la courbe des divorces, l’allongement de la scolarité, l’avancée de l’exode rural en même temps que l’émergence de la société de consommation. Toutes les statistiques montrent que la « révolution de Mai 68 » n’a été que le révélateur et le catalyseur d’un mouvement d’émancipation commencé au milieu de la décennie 60 et amplifié par l’arrivée des baby-boomers sur la scène publique.
Cette vague de libéralisation des mœurs et de contestation des institutions n’a épargné ni l’université en voie de démocratisation, ni l’armée sortie de calamiteuses guerres coloniales, ni la famille en pleine reconversion, ni même les autres Eglises…
Pas plus que le mouvement de 68, résultat d’une révolution sociétale silencieuse, Vatican II n’a provoqué le séisme qui a déstabilisé l’Eglise catholique. Et l’historien Denis Pelletier a raison d’affirmer qu’ « Imputer la crise de l’Eglise à Vatican II, ce serait comme imputer la crise climatique au GIEC » (Le Monde 12.10.22).
Le Concile n’aurait il pas en fait révélé, un peu à son insu avant les autres institutions, la mutation profonde, voire une crise globale de la société ? Un peu comme Mai 68, à postériori. Si l’Eglise catholique n’a pas manqué de clairvoyance en 1962, dans sa volonté d’adaptation à un paysage en bouleversement, on peut en revanche lui reprocher d’avoir pêché par excès de confiance, en pensant prévenir, par son propre aggiornamento, une crise qui la dépasse.